�
Bleckede, le 5 mars 2002
Je reprends ici les derniers points que je n'ai pas trait�s dans
mon dernier
courrier. Courrier que je viens de relire et qui me para�t, trop
souvent,
confus. Il me faudra sans doute encore pr�ciser mais, pour cela,
j'attends
vos remarques. Je vais aussi essayer de faire un peu plus court, histoire
de
ne pas remplir votre site internet avec toutes mes inepties et de ne pas
vous
faire b�iller toute la semaine. Allons-y...
" 7) d�coulant du point pr�c�dent : ce que
j'ai appel� la "mise en page
parlante" qui trouve son efficacit� maximale dans Abend mit
Goldrand puis
dans Julia oder die Gem�lde (o� les quatre colonnes pour rendre
les
conversations des tendrons dans la cour de l'�cole font merveille).
Comment
cela peut-il �chapper � votre "regard d'architecte"
? "
L�, vous allez hurler ! Je n'arrive pas � lire Soir
bord� d'or. Je me suis
port� acqu�reur de l'ouvrage le jour de sa sortie. Je l'avais
r�serv� chez
mon libraire de l'�poque et me suis rendu dans son magasin alors
que les
cartons n'�taient pas d�ball�s. L'homme, grand seigneur,
me le vendit �
cr�dit (genre trois fois deux cents francs sur quelques mois).
Mais voil�,
chaque fois que j'ouvre ce livre, il me tombe des mains. Je le commence
par
le d�but, par le milieu et la fin, j'essaie l'�t�,
l'hiver, j'essaie en ce
moment dans la lande et, encore une fois, je n'y arrive pas. Alors bien
s�r,
je le connais et j'ai rep�r� quelques pages. J'ai aussi
lu votre article
dans la Revue de Litt�rature G�n�rale. Mais je n'y
arrive pas. Pour ce qui
est des volumes en allemand, tel Julia, je vous laisse imaginer... Il
me
semble donc hasardeux, pour moi, de convoquer quoi que ce soit venant
des
tapuscrits.
Alors je m'excuse, je ne me risque pas dans la moindre explication
foireuse
et passe � la question suivante. Il m'a bien fallu cinq ans avant
de r�ussir
� m'attaquer � l'Homme sans qualit�s (si vous le
voulez, je vous raconte les
circonstances... elles valent leur pesant de fiction). Traitez-moi de
cochon
si vous le souhaitez. Tant pis.
" 10) la g�od�sie, l'arpentage, l'astronomie n'ont
bien s�r absolument rien �
voir avec "l'art de construire"... "
Et de revenir au c�ur du probl�me. Le (ou la) Baukunst
a clairement � voir
avec ces mots. J'oublierais volontairement l'astronomie qui, je pense,
a un
peu quitt� le champ de l'architecture il y a quelques d�cennies.
Mais, il
est �vident que cette discipline, durant des mill�naires,
a g�n�r� des
architectures extraordinaires (des alignements de pierres aux incroyables
escaliers-observatoires d'Inde. Malheureusement, et comme souvent avec
la
surench�re technologique, l'astronomie a perdu beaucoup de sa po�sie
directe
(l'homme qui regarde le ciel et transmet aux autres) pour devenir une
discipline de calcul et de nombres abstraits (ah les calculateurs !).
La
seule chose qui me semble amusante aujourd'hui est cette histoire de mise
en
r�seau de tous les ordinateurs personnels du monde pour former
une
super-machine capable de d�chiffrer les signaux extraterrestres...
Pas de
quoi tomber par terre non plus.
Pour ce qui est de l'arpentage, je retrouve ici les diverses questions
du
d�but de cette r�sidence et, plus pr�cis�ment,
la notion de territoire. J'y
vois aussi une r�f�rence � mon propre travail puisque
mes marches
quotidiennes font de moi un "arpenteur" des bords de l'Elbe.
Je le rappelle,
je ne marche pas en regardant mes chaussures mais, chaque jour, je recherche
des pistes, des lieux, des sites qui me feront raconter toute une histoire.
Je pense m�me que l'on commence � me conna�tre dans
le village (je suis
assez r�gulier dans mes promenades pour favoriser les ragots entre
grands-m�res et caissi�res de supermarch� : "Tu
l'as vu l'Grand qui marche
chaque jour le long de la rivi�re ? Je crois qu'il recherche quelque
chose..." - " Ouais ouais, j'l'ai vu, en plus il parle m�me
pas allemand...
c'est quand m�me un peu louche tout �a "). Donc, quiconque
me croise me dit
bonjour avec respect et je pense que si je me pr�sente aux prochaines
municipales, j'ai mes chances (� condition, encore une fois, de
me mettre �
parler allemand).
C'est bien s�r la piste qui est, pour moi, la plus s�rieuse
(l'arpentage,
pas les municipales !). Depuis l'abandon du projet braun (abandon qui,
je
dois l'avouer, m'a un peu frein� dans mes ardeurs) je passe �norm�ment
de
temps � rechercher Le Lieu. Celui qui d�clenchera, par sa
nature, l'ensemble
du projet (un peu comme � Graz o�, dans le Stadtpark, il
a fallu que je
trouve un arbre - et cet arbre a d�fini une bonne partie de l'histoire
de la
maison pour oiseaux). Ici, assez peu d'arbres, de nombreux trous de taupes,
les corbeaux et la boue. Beaucoup de boue. Les douves du ch�teau
aussi. Et
l'Elbe qui ne descend pas. J'ai donc trois ou quatre sites possibles.
Petits, sans importance, ils seront sujets � une intervention de
l'ordre de
celle de Graz. Une chose qui sera plac�e l� et restera apr�s
mon d�part.
Mais pas une maison pour oiseau (les corbeaux sont trop gros et n'ont
pas
besoin de moi).
Je ne parle pas plus de ce projet. Il sera r�alis� en
catimini, � la toute
fin de la r�sidence, juste pour le plaisir des quelques personnes
qui seront
au courant. Je dois encore travailler un peu mais j'esp�re que
vous serez
amus�.
Samedi dernier, pour la premi�re fois depuis des semaines,
Bleckede fait un
bruit de ville normale : la saison des mariages a commenc�. Et
c'est parti !
Les trois BMW, deux Mercedes et sept Volkswagen qui quittent l'�glise
se
lancent dans un concert d'avertisseurs qui me rappelle la grande urbanit�
(notamment la Grand'Place de Roubaix, les samedis de printemps entre 14
heures et 18 heures avec un rythme � faire p�lir les capitaines
de
l'industrie d�funte). Ce qui change, ma foi, des corbeaux.
Je pars demain soir pour Vienne puis lundi pour Graz, de retour dans
une
dizaine de jours. Mais je reste connect� et vous �crirais
depuis l'Autriche.
Je sais, il me reste encore le point num�ro 8... � propos
des Calculs.
Je me suis attaqu� � leur relecture et, je ne me vois pas
comment r�pondre
quoi que ce soit dans l'urgence. Il faudra �tre patient.
|
|