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Tijl Fiasse�: Fragment autobiographique

Lors de la discussion radiophonique sur Le C�ur de pierre � que, pour la petite histoire, j�ai suivie via internet, grotesquement couch� sous le bureau de l�informaticien de la soci�t� dans laquelle je travaille � pour ne pas qu�on me prenne en flagrant d�lit de consommation litt�raire�! � madame Casanova � une voix d�licieuse�! � a lanc� une semi-boutade qui a jou� dynamo pour moi. Comme il n�est pas de bon ton de rapporter (des paroles, des, justement�: d�lits ), je paraphraserai ceci�: s�il n�y avait des Arno Schmidt dans la litt�rature allemande, on ne la lirait pas beaucoup, la litt�rature allemande. Ce que je prends pour un cri du c�ur m�incite, tr�s peu modestement, je le reconnais, � passer outre mes tr�s grandes� (�: bassesse morale & duplicit� ) pour� le dirai-je�? tenter le fragment autobiographique de d�couverte, avant que de pouvoir � en toute s�r�nit� � reprendre mes cabrioles bouffonnes, mes Mavra dialogu�s.

Et c�est donc en prenant � parti le bout� (vous avez trouv�: incandescent) de ma cigarette, & fort d�une tasse contenant 4 cuillers de caf�, que je dis, en guise d�ap�ritif, que, eh bien oui, la d�couverte d�Arno Schmidt a �t� un tr�s grand moment.

Et je me r�jouis d�avance d�avoir encore de longues heures devant moi pour d�chiffrer Zettel�s Traum par temps orageux d��t� � temps, o�, personne, je l�esp�re, n�aura le culot de le nier, il est difficile de faire de la bicyclette. Le lecteur saura qu�on y est parc (je laisse, mon clavier est vicieux�: on n�est pas dans un parc)� (Il y avait une suite � cette phrase, bien �videmment. Comme elle n��tait pas tr�s importante, je n�ai pas jug� bon de la laisser, except� la premi�re partie pour satisfaire mon clavier tyran.)

Temps orageux d��t�, o� il fait bon lire des livres obvies.

Temps propice � j�aurais presque envie de dire "�impromptu�" - o�, forc� de se retirer en soi-m�me & d�abandonner (� soi-m�me) le monde ext�rieur �teint (�: pas de bicyclette aujourd�hui, le drame�!), on� pardon�: je ne finirai pas cette phrase que je souhaitais � la premi�re personne.

(Pas seulement) par temps orageux d��t�, Je ai toujours aim� les tr�s gros livres, je pr�cise, de prose�; encore�: narrative. Eh�! direz-vous, o� donc est le rapport avec Arno Schmidt, dont la plupart des �ufs (je ne sais si c�est ma machine� Pour la prononciation, �a se tient en tout cas)�: j�y venaisons, j�y venaisons disait d�j� (qui d�j�?)

Dire que Je aime les livres de longue prose narrative est faux�! Totalement absurde�! Plut�t�: je n�aime pas les "�histoires�", je n�ai que faire des "�aventures�" (interminables) avec 15 temp�tes, 9 incestes entre fourmis & soucoupes volantes, une infinit� de naufrages &, enfin, 1 seul mariage final comme sucre d�orge r�compensant le fastidieux & b�at lecteur.

Je aime les gros livres discontinus, �a oui�: encyclop�dies, longues & improbables recettes de cuisine cambodgienne, relations de voyages� Et c�est donc qu�on prendra la longueur comme "�accumulation�" de pages, & non d��v�nements (rien que se lever en constitue d�j� un fameusement grotesque, d��v�nement, moi � qui il f aut bien deux bonnes heures pour reprendre l�apparence humaine que je pensais avoir la veille) dans ce qui suit.

Il y a l� tr�s certainement un �gal go�t du savoir pur, un plaisir d�apprendre &, Robbe-Grillet le conc�de dans son Miroir qui revient, de la domination difficilement avouable.

Ce qui existe chez les auteurs qui veulent dominer existe chez les lecteurs, j�ai envie de dire, de ces gens-l�. On pourra toujours, et c�est bien malheureusement le cas de beaucoup d�humanistes, reprocher � ces auteurs de prendre le lecteur pour bien plus idiot qu�il ne l�est (sur ce chapitre, invite � relire la pr�face de Claude Riehl � Vaches en demi-deuil). Il n�emp�che � et c�est aussi, je pense, l�avis de ce m�me Claude Riehl � qu�il y a l�, malgr� le besoin de domination (complexe d�inf�riorit�?), un go�t certain pour la difficult�, une promotion et du r�le du lecteur et du savoir comme moteur de plaisir.

Les esprits chagrins s�en plaindront.

Tant pis.

Sain �litisme (Et qui donc voudrait d�un auteur "�humble�", sans pr�tentions�? Au contraire,�nous attendons d�un auteur, nous qui consommons fort peu de stup�fiants, qu�il nous d�saxe la cervelle�!) que ce sado-masochisme (Grincez des dents sur les �isme�) peu dangereux, de la cat�gorie "�Tom & Jerry�"�! De sorte que l��quation "�J��cris = je boxe�" de Louis �Tom� Scutenaire a sa r�ciproque parfaite dans la mienne brillante formule�: "��Sans doute. Mais alors�: "�Je lis = je boxe.�"

Et avant de poursuivre sur la "�Longueur du texte et ses relations avec les temps orageux brillant par leur absence de cyclistes�", je vais clore cette parenth�se en disant que j�aime bien Arno Schmidt, m�me si on joue parfois � "�Tom & Jerry�", lui & moi.

J�aime bien Arno Schmidt. Je l�aime bien pour un tas de raisons�; parce que j�aime apprendre, que j�aime r�fl�chir & qu�une des fonctions les plus importantes d�un texte est d��tre cette partie d��checs r�p�titive, lassante, interminable, entre lui & vous.

Quel �tait d�j� le programme de Manganelli, me demandez-vous, celui qu�il proposait aux �crivains-tom-jerry-lecteurs d�aujourd�hui�?

�crire ou lire en ayant conscience qu�il s�agit d�une activit� artificielle, le travail d�un m�canisme � la fois exact et cach�.

Se m�fier du message.

Indiff�rence envers la sinc�rit� (pr�f�rer la mauvaise foi subtile & docte � la franchise inepte).

Pr�senter des obstacles � l�inspiration (du lecteur, de l�auteur), la soumettre au gouvernement de l�artifice, � la vexation de l�intelligence consciente.

Vouloir suivre la rh�torique, c�est vouloir une litt�rature c�r�brale.

Savoir que l�inanit� est l�essence h�ro�que du charme tragique de la litt�rature. Forcer le langage jusqu�� des temp�ratures non naturelles, selon un plan intellectuel d�lib�r�.

(Ces pr�ceptes sont tir�s quasi mot pour mot de l�article "�Quelle sera la t�che d�une rh�torique moderne & pertinente�?�" traduit par Dominique F�rault.)

Ce qu�il y a de comique�dans ce programme d�un Gorgias qui tiendrait autant du savant fou que du clown, dans ce programme purement, techniquement, m�ticuleusement, rh�toriquement p�dant & gla�ant, c�est qu�il est aussi path�tique &, par cons�quent, m��meut jusqu�aux larmes�

Les encyclop�dies ne satisfont pas totalement mon go�t, la discontinuit� y �tant par trop l�che. Mon go�t pour ce discontinu, lorsqu�il lui prend des envies de fiction, �prouve le besoin d�un liant, d�une structure arbitraire autre qu�alphab�tique ou th�matique.

Je me suis t�t aper�u que j��tais incapable de lire les longs romans qu�il faut avoir lus pour �tre un honn�te homme. Les romans de Bulwer-Lytton, Scott, Hugo, Balzac, Faulkner, me tombent immanquablement des mains. Tragique situation .

Peut-�tre est-ce d� au fait que beaucoup d�enfants de ma g�n�ration ont �t� esth�tiquement �duqu�s par les bandes dessin�es & les dessins anim�s. Peut-�tre, dis-je. En tous cas, mes dispositions mystiques �tant, je le crains, fort limit�es, je ne pense pas qu�il y ait jamais eu d�auteur en avance sur son temps�; bien plut�t�: quelques-uns sont "�� l�heure�". Ce que j�essaie de dire, avec mon timide peut-�tre fort pr�tentieux �mais ressenti par beaucoup - c�est que les B.D. de Com�s ou Pratt, lues fort jeune, de m�me que le cin�ma d�animation exp�rimental, nous ont habitu�s � lire (& � esp�rer lire), moi & les autres jeunes gens beaux, forts & sains d�esprit de ma g�n�ration, d�autres exploits que les pr�tendues �redoutables� et �fulgurantes� ellipses de Faulkner ou Claude Simon.

Cette vivacit� d�esprit, ce sens de la d�rision, ce travail r�ellement moderne sur le mat�riau contemporain, que j�aime tant dans les dessins anim�s (burlesques, de McLean, de qui vous voudrez�), je ne les ai trouv�s que rarement�: chez C�line, qui voulait tous les dessins anim�s du monde chez lui, chez Albert-Birot, qui fait en 1918 ce que Donald Barthelme fera en 1970 ( ou encore chez un autre auteur r��dit� par Jean-Michel Place, plus connu comme critique d�art�: Michel Seuphor� Zzz�: oui, je sais�!) & chez Schmidt, qui fait ce que tout le monde essaie encore de faire�

Lors de l��bauche d�un roman vers l��ge de 14 ans, ce que j�avais englouti d�esth�tique � ce stade-l� m�avait naturellement port� � raconter les aventures/transformations d�un morceau de plastique.

Il est important de noter que cela venait naturellement,�sans intention d�lib�r�e.

Ce qui me porte � croire que ce qui semble �trange � la critique litt�raire des prosateurs non balzaciens ne l�est que par port volontaire d��ill�res. Je me souviens d�avoir lu un entretien de William Gaddis dans lequel ce dernier s��tonnait sinc�rement d��tre consid�r� comme �difficile�, �pour initi�s�, & se demandait comment la majorit� des lecteurs ne mourait pas d�ennui & d�impression de fausset� en lisant� vous savez bien.

Donc � pour rester dans le s�mantisme de Gaddis � c�est bien � une �reconnaissance� imm�diate que je dois ma d�couverte de Schmidt�; non � un go�t pour l�exp�rimentation ardue. Je n�aime pas l�exp�rimentation ardue. Quand ce terme militaire d��avant-garde� fr�le mes pavillons, mon esprit se cabre de r�pulsion�! de r�pulsion, vous dis-je, devant les ponctuations ou absences de ponctuation les plus farfelues. Et pas seulement dans la ponctuation, qu�ils s�vissent, ces gens-l�! Laissez, la col�re m��touffe, je passe la main � Nabokov�:

En mati�re d�art, avant-garde ne signifie gu�re plus qu�adh�sion � une certaine mode bourgeoise qui se veut audacieuse�; aussi, quand le rideau se leva, c�est sans surprise que Hugh se vit convi� � se r�galer de la vue d�un ermite assis tout nu sur un tinette f�l�e au centre d�un plateau vide.

C�est parce que l�action de Schmidt est efficace & met en branle un fonctionnement plus ou moins plausible de ma conscience que j�aime cet auteur. L�efficacit�, ce seul crit�re valable des oeuvres p�rennes.

Je n�ai jamais su lire les Bataille, Blanchot, Marcuse, Lacan & autres. Le fait est assez rare pour �tre signal�: un auteur que j�aime ne s�est jamais pr�occup� de ces angoissantes �fins de la litt�rature�, et de ces beaux livres que sont Histoire d�Egg qu�on s�ins�re dans le derri�re et Egg est l�autre de toi-m�me quand tu te vois dans le second miroir que tu auras plac� derri�re ta nuque en regardant celui qui te fait face. (Le second de ces livres appel�s � devenir des br�viaires est en r�alit� constitu� de notes de cours, qu�un �tudiant z�lote & z�l� a sous-titr� Je suis tout fesse, devinez o� est ma t�te, notes prises, soyons juste, � une �poque o� il ne l�avait plus tout � fait, sa t�te, ce Jacques.)

C�est avec grand plaisir que j�ai d�couvert la farce de monsieur Sokal. Je me demande souvent o� sont les Condorcet & les Hume d�aujourd�hui. Sokal se demande�: que s�est-il pass�? comment en sommes-nous arriv�s l�? O� est l��poque brillante o� les �crivains & les scientifiques gambadaient main dans la main�? J�aime aussi Arno Schmidt pour cela�: son go�t des sciences exactes, son �esprit 18�me�, comme on dit.

Au fond, dans mes moments dithyrambiques, il me pla�t � penser qu�Arno Schmidt est un �crivain universel au seul sens o� je veux l�entendre, celui de Diderot et du comte polonais dont j��voquerai une subtile m�tamorphose un peu plus loin. Et malgr� le fait que je regarde en g�n�ral fort peu le film Wieland, Lessing, Jean Paul & les autres, je sais que l�esprit de ce que j�aime le plus, l�esprit des lois bien s�r, l�esprit du r�ve de d�Alembert aussi, mais encore des voyages dans la lune de Savinien � "�Ah�! Quel conte�!�" dirait le tr�s cher Cr�billon �, du "�Ira-t-on dans la lune�?�" de la ravissante de Bayle enfin, et bien je sais que cet esprit se trouve chez Arno Schmidt aussi bien.

En un sens, je suis tr�s �mu de cela�: l�auteur �tranger que j�admire le plus est un jeune parent de la tradition fran�aise que j�aime le plus.

Et je voudrais ajouter ceci, � propos du 18�me si�cle justement�: s�il est un auteur dont les r�f�rences culturelles sont difficiles d�acc�s, c�est bien Arno Schmidt�. Et s�il existe bien un biais par lequel prendre la mesure d�une des facettes du gaillard, c�est bien aussi, curieusement, par celui de ce peu traduit Wieland (il existe tout de m�me 3-4 traductions de livres diff�rents).

Il me semble, et c�est tr�s loin d��tre un paradoxe, que la question � qui a �t� pos�e par un des intervenants lors de l��mission de Pascale Casanova � de savoir si on a remis Wieland � sa place en France n�a aucun int�r�t�: il est tr�s bien l� o� il est. Pourquoi cette position blasph�matoire�? Pr�cis�ment�: s�il en est un � qui on peut trouver des pr�d�cesseurs dans sa propre langue, c�est bien ce Christoph Martin Wieland, non�? Sans entrer dans les d�tails, je dirais qu�il faut s�en convaincre en lisant Ob�ron, Agathon et les Abd�ritains, puis en relisant les contes de Voltaire, les derniers gros romans de Cr�billon ou tout b�tement les Lettres persanes.

Je fais cette petite digression � propos du 18�me si�cle parce que je me rappelle tr�s bien la frustration ressentie lors de ma d�couverte de Schmidt, une frustration redoubl�e parce que cette d�couverte se situait pr�cis�ment � une �poque de ma vie de lecteur o�, comme le dit m�chamment Compton-Burnett dans un de ses identiques & g�niaux romans, "�la litt�rature contemporaine para�t irr�m�diablement inepte�". Ajouterai-je qu�il ne s�agissait pas tellement de "�contemporaine�", mais de "�fran�aise�" � parlant de choses apr�s quoi j�en avais�? C�est ainsi que de vilaines �quivalences improbables et des jurons anti-gensdelettres m�ont d�traqu� la cervelle. O� sont les Jean Paul & les Tieck en France, soupirais-je�? J�aurais projet� avec tout le s�rieux du monde de me lancer dans la lecture des �uvres compl�tes � si elles avaient exist� en traduction� �, tenez-vous bien, d�Auerbach (pas le critique�; celui des histoires dans la For�t- Noire), ce que, pour des raisons m�dicales �videntes que je n�expliquerai pas ici, je ne recommande � personne.

Je me disais aussi, mais voyons, � quelle �poque �crivaient-ils, ces loustics de Jean Paul Richter�? Mais � l��poque o� il ne se passait apparemment ("�apparemment�" selon les histoires litt�raires traditionnelles) rien en France. "�Ah ah, erreur erreur�!�", exultais-je dans mon idiotie�; il se passait justement Potocki, qui faisait d�j� de l��rotisme pour du beurre, du Voltaire pour du beurre, du roman gothique pour du beurre, du plus ou moins TOUT pour du beurre, mais avec une culture encyclop�dique & un g�nie accablant. Que dis-je, Potocki�? Et Restif, alors�? (Je voudrais maintenant mettre ce terme d�idiotie entre parenth�ses�: quand on entend M. Poncet parler de Restif & Schmidt, on se dit, tiens, ce type pense pareil que moi quand je pense justement �tre fou� Et voil� bien qui met en p�ril le sens premier du mot �idiotie��: on ne peut �tre idiot que tout seul�!).

Et enfin, en cherchant de grands n�ologues (�a ferait un beau po�me de Villiers, non�? En cherchant de grands n�ologues�), je n�ai trouv� que quelqu�un qui, comme par hasard, �crivait aussi aux environs de 1800, comme par hasard, faisait aussi dans le r�alisme sordide, comme par hasard, faisait aussi dans la science-fiction� (on est parano�aque ou on ne l�est pas, n�est-ce pas�) � �

�et, comme par hasard, est aussi absent des manuels litt�raires pour jeunes religieuses.

Il suffit de ces �quivalences, maintenant que je suis r�concili� avec la litt�rature fran�aise. Tout de m�me, je continuerai de pointer du doigt Potocki (Attention�! c�est maintenant, le moment que je vous disais plus haut�qui viendrait plus bas�!) comme l��crivain universel disparu durant un bon si�cle et r�apparu � le tr�s haut (jamais de majuscules avec moi�!) a ses myst�res � en Allemagne. Et je vous assure que, pour un Polonais, �a n�est pas la moindre des surprises� Pour vous aussi, j�imagine.

J�aime les longs textes de fiction discontinus, disais-je. Pour des raisons totalement arbitraires, je suis obs�d� par les tr�s longues histoires qui se d�roulent en lieu clos & dont la dur�e correspond plus ou moins � la bonne vieille r�gle des classiques fran�ais. J�aime Ulysses pour cette raison (parmi une bonne douzaine d�autres), de m�me que Stalker & le Sacrifice, tout en �tant totalement imperm�able, tant "��� ces P�trovitch m�taphysiquement hyst�riques qui pleurent tout le temps�" (dixit un de mes amis qui, protestant il est vrai, est herm�tiquement ferm� � la mystique russe), qu�aux probl�mes de pubert� j�suite mal r�solus de ce James Joyce. C�est la raison pour laquelle j�aime tant School for Atheists, Soir bord� d�Or (parmi une bonne douzaine d�autres) & que je m�esquinte la cervelle au contact du rugueux Zettel�s Traum. L�incontournable M. Szentkuthy avouait comme roman id�al une journ�e/nuit �tir�e sur de nombreuses & volumineuses pages d�une vie de ch�teau.

C�est pour avoir ce type de plaisir que je prie chaque soir le dieu des traducteurs � mon polyth��sme est connu � afin qu�on traduise les 2000 pages du roman �rotico-surr�aliste d�Andr�as Embirikos dont l�unique lieu n�est autre qu�un paquebot, nef des fous moderne & d�lirante. (Ayant d�cid� de ne pas donner le titre en grec, je vous glisserai simplement qu��Embirikos�* n�est pas le nom de sc�ne dionysiaque de madame Porter, Kathleen, lorsqu�il lui prend de se travestir en homme.)

C�est par temps orageux d��t�, en fin d�apr�s-midi, que j�ai ouvert pour la premi�re fois un livre volumineux qui se d�roulait pendant quelques jours dans un d�cor unique. Ce livre �tait �tal� sur mon bureau faiblement �clair� par un spot unique�; &, le temps de la narration rejoignant le temps de la lecture, le d�cor unique de la narration se confondant avec le d�cor unique de la petite chambre � coucher que j�occupais chez mes parents, le spot unique bordant d�or la grande page, j�ai accompli ce qu�il arrive rarement � un lecteur d�accomplir�: j�ai fondu jusqu�� dispara�tre enti�rement dans ce livre�; comme la petite Ann�Ev�, j�ai, pour ainsi dire � et en toute confiance, le nouveau-n�! �, travers� la toile.

� propos du lieu d�o� je vous parle. J�habite dans le genre de ch�teau gonflable rose du coin sup�rieur droit de la toile. De temps en temps, quand Arno Schmidt vient me dire que, vous savez, monsieur, la r�alit� n�est jamais qu�une caricature de nos fictions, je lui r�ponds que, eh oui monsieur, mais je vous conseille un peu de bicyclette.

Parfois, on me laisse sortir, comme maintenant, le temps de fumer une cigarette & de tailler une bavette avec mon bout incandescent. Je dois reconna�tre que ce n�est pas tous les jours dr�le, de vivre dans le Jardin des D�lices, comme, ah�! on m�appelle ( OLMERS & son humeur torride�: "�Avorton de Hackl�nder, je vais t�en montrer un moi, de �bout incandescent��! Venez les filles, venez TAILLER une BAVEtte avec son �bout incandescent��!�") � Vous avez entendu�? Est-ce dr�le�? Qu�est-ce que je vous disais��"

Dupont 1�: "�Le fragment autobiographique se r�sumera-t-il donc toujours � la masturbation�?�"�

Dupont 2�: "�Je dirai m�me plus�: ce ne sont que "�savons qu�on s�inflige � soi-m�me�"�!�"

Dupont� 1�: "�Peut-on grammaticalement & moralement SE les infliger � quelqu�un d�autre que soi-m�me�?�"

Dupont 2�: "�Tiens�! Brillante & riche id�e, Dupont 1�! "�Zettel�s Traum ou Le savon qu�on S�in- ( OLMERS�: "�/singe-flige�! Oh, oh�! Elle n�est pas si b�te que �a en a l�air�(!), les singes �tant r�put�s pour s�astiquer du matin au soir,�(!�!)�" flige, disais-je, aux autres�" sera mon prochain article��".